samedi 25 août 2012

Pensées absurdes

Faut-il toujours en demander plus pour en avoir assez ? Oui sauf bien sûr à en avoir assez de demander plus, ce qui évite de devoir demander, tout en ayant la garantie d’obtenir ce qu’on veut (c'est-à-dire d’en avoir assez).

Certains poussent le vice si loin qu’ils ne le retrouvent plus, ce qui est toujours embêtant.

Il est plus facile de convaincre avec une voix grave. Il est d’ailleurs beaucoup plus facile de douter d’un homme qui parle d’une voix aigüe. La gravité de la voix doit donc être adaptée à celle de la situation. Dans le doute, toujours parler si possible de la voix la plus grave possible, sauf bien sûr si vous souhaitez convaincre votre interlocuteur de faire l’inverse de ce que vous dites, ce qui reste une excellente stratégie (et l’unique possible pour ceux d’entre nous qui n’ont pas les moyens d’en employer une autre).

Le désir nait du manque, comme disait Pascal, à Bob, mais de quoi naît le manque, je vous le demande, si ce n’est de l’absence de présence. Or l’absence est profondément liée au vide. L’absence de présence, c’est donc l’absence de vide et par conséquent la plénitude. Si le manque provient d’une absence de présence, il trouve donc nécessairement sa source dans la plénitude. Le désir provenant donc du manque, qui découlerait à son tour de la plénitude, il faudrait en conclure par transitivité que le désir naît de la plénitude. Cette proposition ne choquerait pas si désir et plénitude n’était pas à bien des égards antinomiques, ce qui n’est pas le cas, deux négations valant une affirmation. Désir et plénitude seraient donc deux états permanents et co-existants qui s’autoalimenteraient, deux manifestations d’une même chose que l’on pourrait qualifier d’absolue. Comme quoi, l’absolu peut être absurde pour un esprit malade comme le mien à l’heure où j’écris ces mots. Néanmoins il existe une taille et de faille (ou plutôt l’inverse) dans ce texte que je laisse au lecteur le soin de découvrir par paresse de devoir recommencer ce raisonnement qui mènerait très probablement à la même conclusion ou du moins à une conclusion moins intéressante. Une mauvaise conclusion valant mieux qu’un bon raisonnement, je m’en arrêterai là pour cette fois. 

La grammaire ne servirait à rien si l’Homme ne savait pas parler et le contraire est tout aussi vrai.

On me faisait récemment remarquer que la nature a horreur du vide. Pourtant quelques jours plus tard, une autre personne me faisait remarquer que l’absence d’un être cher créait un vide bien naturel. Un vide naturel étant par définition un vide qui relève de la nature et la nature ne tolérant pas de vide, toute l’absurdité des dictons populaires me sauta alors aux yeux. Ayant vécu toute ma vie dans le strict respect des enseignements proverbiaux, je me sentis soudain tout déboussolé et me suicida. Tout ceci est une fable comme vous l’imaginez, à moins que vous ne croyiez aux fantômes, ce qui serait ridicule. En effet, a-t-on déjà vu un fantôme prendre la plume pour écrire ses mémoires ? Non les fantômes préfèrent se balader en draps blancs et faire peur aux enfants.

L’absurde a ceci de commun avec l’humour qu’il nait d’un décalage. Pourtant tout trait d’humour n’est pas nécessairement absurde et toute absurdité n’est pas nécessairement drôle. J’en veux pour preuve l’acharnement sans précédent des humoristes contemporains et des absurdologues comptant pour beaucoup dans cette quête continue du juste.

La conjugaison des verbes serait tellement plus simple si les temps et les pronoms n’existaient pas. A ce (juste) titre, Thomas avait l’habitude de dire à Matthieu qu’il pouvait deviner la philosophie d’un homme aux temps qu’il employait le plus souvent. Ainsi l’impératif était selon lui le temps des chefs, de la même façon d’ailleurs qu’il est impératif que les chefs aient du temps pour eux bien que ceux-ci ont de temps en temps des impératifs qu’ils laissent parfois au temps ou à leurs propres chefs le soin de traiter. Le passé quant à lui est le temps qui permet aux vieux de se sentir supérieurs aux jeunes en parlant de choses qui n’existent plus. Le futur est le temps des rêveurs. Le conditionnel est le temps des poules mouillées. Le futur antérieur est le temps des futurs vieux. Le subjonctif est le temps de la docilité et de la conscience. Le présent est le temps de l’éternité, bien plus que le futur d’ailleurs qui a de commun avec le conditionnel qu’il s’aventure à parler de choses qui ne se passeront peut-être jamais.

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